En 2019, l'Hôtel de Ville d'Annecy avait été victime d'un incendie. Ce n'est que six ans plus tard, en 2025, que les travaux ont commencé. Mais l'affaire a rapidement fait du bruit, notamment en justice en raison de cette plainte de Fondation Annecy Patrimoine au tribunal administratif de Grenoble.
Le président de la fondation Alain Bexon reproche plusieurs ajustements jugés illégaux par l'AVAP, l'aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine. Il cite "la boîte en verre accolée à la façade du côté des Jardins de l'Europe, la démolition des façades intérieures et le décroché de toiture de pratiquement 3 mètres" en ajoutant "qu'un seul de ces éléments rend le permis de construire illégal". Autre problématique, qui fait presque sourire Alain Bexon par l'ironie de la situation, la bâche de protection qui a été enlevée. "Maintenant, l'eau dégouline à l'intérieur et on va dire qu'il faut détruire les façades car elles étaient fragilisées, mais à qui la faute ?"
Par ailleurs, le retard des travaux a entraîné des surcoûts, passant de 22,6 millions d'euros de l'assurance à 33,4 millions d'euros. Alain Bexon souligne que ceux qui vont payer cette augmentation, "ce sont les Annéciens". Mais surtout, la grande crainte du président de la Fondation Annecy Patrimoine réside dans la décision finale du tribunal. Si ce dernier venait à invalider la demande de la fondation et à accepter les travaux tels quels, ce serait "une porte ouverte à l'anarchie, une table ouverte pour tous les propriétaires de la vieille ville qui pourraient faire une terrasse s'ils le veulent, agrandir leurs fenêtres...".
Des ajustement nécessaires face "au dérèglement climatique"
Du côté de la Ville, cette situation est presque jugée de risible. Le Premier adjoint Alexandre Mulatier-Gachet parle d'une "polémique stérile", rappelant que les plans ont été validés par un architecte. Il regrette lui aussi les retards des travaux, mais tient aussi à souligner les "inconvénients liés à la découverte du plomb" dans les murs de l'Hôtel de Ville.
Concernant les ajustements et les modifications, l'élu juge que "refaire un bâtiment à 100% à l'heure du dérèglement climatique n'est pas pas possible [...] on parle de sobriété énergétique, il était important de faire rentrer plus de lumière dans le bâtiment". Et sans rentrer dans les détails, Alexandre Mulatier-Gachet explique que "notre avocat démonte [les arguments d'Annecy Patrimoine] petit à petit".
Mais sur ce point, Alain Bexon rappelle le chantier sur Notre-Dame-de-Paris qui avait justement été refaite à l'identique.
Le tribunal doit désormais se pencher sur le sujet, mais aucune date pour un compte-rendu d'audience n'a encore été donnée.